Jeunes Médecins prend au mot le Ministre de la Santé : que chacun rende des comptes !

Vendredi 6 octobre 2023, lors de son passage à l’Université de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le Ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, a insisté sur la responsabilité des jeunes médecins : « Je pense que dans quelques années, on demandera des comptes à certains de vos jeunes confrères, quand je vois le choix des ECN. […] Lorsque la psychiatrie sort en dernier et la chirurgie plastique en premier, je m’interroge. ».

Chiche… et il ne faut pas attendre « quelques années » !

Tout d’abord, il faut sortir des clichés orientés du Ministre :
- La chirurgie plastique n’est pas seulement esthétique mais est en premier lieu reconstructrice en corrigeant des malformations et en réparant les fonctions et l’apparence du corps après un traumatisme ou une chirurgie tumorale. L’intégration de la composante esthétique contribue à la reconstruction de l’individu car la disgrâce physique est souvent à l’origine d’une souffrance psychologique ;
- En 2023, la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique représentait 28 postes sur 9484 postes ouverts, soit 0,30% des choix exprimés par les futurs médecins ;
- Les choix des majors des ECN ont été la médecine générale en 2021, l’hématologie en 2022 et les maladies infectieuses et tropicales en 2023.

Le courage politique n’est pas de pointer du doigt les choix d’une infime minorité de futurs internes mais de rendre enfin attractives les spécialités choisies parmi les dernières ; maintenant.
Quels efforts Aurélien Rousseau a-t-il déployés pour guérir la perte d’intérêt pour de nombreuses spécialités indispensables à nos concitoyens comme la psychiatrie, la médecine générale, la gériatrie, la médecine du travail, la santé publique et la biologie médicale ?
La dégradation des conditions de travail et de rémunération est générale en médecine et n’est pas le fait des jeunes médecins : c’est le résultat des choix politiques de l’État et de l’Assurance-Maladie !


Chiche… et il ne faut pas se limiter aux choix des futurs internes !

Commençons par rendre des comptes sur les pénuries de moyens aussi basiques que les masques et médicaments !

Après la pénurie de masques du début de la pandémie de COVID-19, la crise s’éternise avec une pénurie de médicaments qui prend un tournant jamais vu auparavant.
Est-ce encore la faute des jeunes médecins ?
Vendredi dernier, au moment où Aurélien Rousseau appelait les futurs internes à rendre des comptes, la Cour administrative d’appel de Paris a reconnu la faute de l'Etat dans la constitution d’un stock insuffisant de masques avant la pandémie de COVID-19 et dans la communication gouvernementale sur le port du masque au début de la pandémie. L’État a été condamné à indemniser des plaignants, dont la famille d’un médecin décédé dans les premières semaines de l’épidémie.
Jeunes Médecins regrette que la recherche de responsabilités ne soit pas allée à un échelon plus individuel à une heure à laquelle le « responsable mais pas coupable » n’est plus tenable.

Aux côtés des patients, ce sont les soignants qui pâtissent le plus des décisions politiques désastreuses qui se succèdent.

Il faut aussi rendre des comptes sur la pénurie de médecins et autres soignants : quelles décisions aggravent l’insuffisance de formation et l’abandon des carrières qui traduisent le refus d’exercer dans des conditions toxiques pour les patients comme pour les soignants ?

Jeunes Médecins prend au mot le Ministre de la Santé et de la Prévention et demande à ce que chacun rende des comptes vis-à-vis de l'état du système de santé !

Contacts presse :

Emanuel Loeb
Président de Jeunes Médecins
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Mélina Elshoud
Directrice des affaires publiques
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