Urgences: les réponses de la ministre… et nos questions

Urgences: les réponses de la ministre… et nos questions

Les douzes travaux d’Agnès

10/09/2019

Reportage - Agnès Buzyn a dévoilé lundi ses douzes mesures pour répondre à la crise des urgences. Jeunes Médecins était présent à la conférence de presse et sans spoiler, on a trouvé que ce “plan de refondation des urgences” sentait le déjà vu.

“L’heure n’est plus au constat, mais aux solutions!” a lancé Agnès Buzyn pour introduire son plan de refondation des urgences. L’objectif des douzes mesures proposées par la ministre de la Santé, épaulée par le député (LREM) et médecin Thomas Mesnier, ainsi que Pierre Carli, président du CNUH est clair: désengorger les urgences pour mettre fin à la crise qui les traverse, alors que la grève du personnel paramédical bat son plein depuis six mois.

Rien de bien nouveau pour Hugo Huon et Jacques Trévidic. “C'est bien, ça existe déjà, ce n'est pas innovant”, souligne le membre du collectif Inter-urgences. “C’est du recyclage de mesures existantes”, s’agace le président d’APH.

Les libéraux sur le front


Au programme, la création d’un SAS, un “service universel de téléconsultation”, qui permettrait aux patients d’être redirigés vers un généraliste ou aux urgences en fonction de leur situation. Si sa mise en place est prévue pour l’été prochain, le SAS n’en est pour l’instant qu’à un stade embryonnaire: la ministre a admis ne pas connaître encore la forme qu’il prendra ni le personnel qu’il nécessitera.

L’ambition affichée est de mobiliser les professions libérales. En plus du SAS, l’offre de consultations médicales sans rendez-vous devrait croître: 50 maisons médicales de garde verront le jour “dans les territoires où les urgences sont saturées”, et “plusieurs milliers de postes d’assistants médicaux” viendront appuyer les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), qui seront chargées de développer une offre de soins sans rendez-vous. Dans la même veine, les kinésithérapeutes pourront prendre en charge la trauma bénigne, et les pharmaciens les pathologies simples.

“Les missions de service public s'effacent devant les contraintes budgétaires”


Pour Jacques Trevidic, ce n’est pas suffisant. “Les CPTS contraignent trop les libéraux, il n’y a pas assez d’incitation pour qu’ils s’y investissent!”, analyse-t-il. Même constat du côté d’Hugo Huon, du collectif Inter-Urgences. “Il y a cinq ans, on parlait des kinés en poste en tension, mais à l'heure actuelle, même les écoles d'aides-soignantes ont du mal à recruter et les infirmiers ont du mal à rester en poste dans le public puisqu'il n'y a plus tellement d'avantages à rester dans le public. Les missions de service public s'effacent peu à peu devant les contraintes budgétaires. Donc il faut travailler sur l'attractivité.”

“On va prendre à Pierre pour donner à Paul !”


Le financement des urgences devrait également faire sa mue: Agnès Buzyn a fait part de sa volonté de passer à “une base plus forfaitaire”, en fonction du nombre de personnes que le service couvre et de leur profil socio-économique. Concernant les médecins intérimaires “gourmands sur le plan financier”, ils ne pourront plus cumuler plusieurs emplois publics.

Sur trois ans, Agnès Buzyn promet débloquer 750 millions d’euros de crédit pour mettre en place ces transformations, et assure que “les professionnels sont satisfaits, voire très satisfaits!”. “Ce qui a été pris pour les urgences va être amputé à d’autres services. La problématique va aller d’une unité à l’autre, ce n’est pas une solution pérenne à la problématique de l'hôpital”, regrette Emmanuel Loeb, président de Jeunes Médecins au micro de France Inter. “Il n’y a pas de financement plus important pour la santé”, décrypte Jacques Trevidic. “On va prendre à Pierre pour donner à Paul !”



Des lits en plus? Non.


Concernant le moratoire sur les fermetures de lits, la ministre l’a balayé d’un revers de main. “La fermeture de lits n’est pas une conséquence du budget. Elle est le résultat d’une stratégie mondiale qui cherche à développer l’ambulatoire. Parce que le patient est quand même mieux chez lui qu’à l'hôpital!”, a-t-elle déclaré. Pour elle, le problème viendrait d’une mauvaise optimisation des places dispo. “Rien de plus prédictibles que les besoins en lits non programmés. On a les moyens de régler ça avec l’informatique. On est au XXIe siècle, on va rationaliser tout ça!”

Rémi Yang

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