Avec ses 28.000 abonnés sur Instagram, Sophie est sans doute la radiologue la plus suivie de France. Partage de cas cliniques, de memes, et soutien aux grévistes: “The french radiologist” jongle entre sa vie d’influenceuse santé et d’interne.

“A la base, mon compte instagram était pédagogique: j’y partageais des cas cliniques. Mais l’hôpital m’a demandé de supprimer pour des raisons de confidentialité.” Sur son compte, Sophie partage des memes, s’indigne des conditions de travail des internes, tout en essayant “de garder un côté pédagogique”. Aujourd’hui The French Radiologist aka TFR rassemble plus de 28.000 followers, faisant d’elle une des influenceuses françaises santé les plus suivies.



Assise en terrasse d’un café dans le VIe arrondissement, Sophie profite du soleil avec un café crème. Elle affectionne particulièrement le quartier de Saint Germain, où elle a passé une majeure partie de sa vie lycéenne et étudiante. Au lycée Henri IV où elle est sortie avec un Bac S en poche, puis à la fac de Descartes en P1. “J’ai toujours voulu travailler dans la santé, j’avais envie de comprendre comment le corps humain fonctionnait. Je n’arrivais pas à m’imaginer faire autre chose”, rembobine-t-elle.

Engagée sur les conditions de travail des internes

En neuvième année de médecine, Sophie est interne en radiologie à Orléans. Si elle considère que son internat se passe bien, elle est révoltée lorsqu’elle entend ses amis témoigner des conditions dans lesquelles ils travaillent.

“Quand je parle avec d’autres amis des repos de garde qui ne sont pas respectés, par exemple, je me demande comment ils peuvent supporter ça? Ca me révolte. Dans mon service ils sont respectés, mais quand je sors de garde, je suis extenuée”, s’offusque-t-elle, les yeux cernés. Elle évoque les pressions morales des chefs, le temps de travail qui dépasse régulièrement les 48 heures légales, l’utilisation d’internes pour palier au manque de médecins et leur assignation à des tâches administratives qui relève plus du secrétariat que de la médecine, les dépenses pour les formations, et les heures sup’ non réglées.

“On gagne 9€ de l’heure à Bac+9! Un interne m’a dit qu’il gagnait plus à Mc Do! On veut être payé à notre juste valeur, qu’on nous respecte. Quand t’es payé comme ça, t’as l’impression de ne pas du tout être considéré. Ce sont des choses qui doivent changer.”

Une influenceuse “spontanée”

Ses allers retours entre Paris et Orléans - elle retourne à la capitale dès qu’elle peut - lui font passer beaucoup de temps dans les transports, qu’elle utilise pour alimenter ses réseaux sociaux. “J’essaie de répondre à tout le monde, ça prend du temps”, explique-t-elle, tout en assurant qu’elle ne prévoit pas à l’avance ce qu’elle va poster. “Je suis très spontanée. Une fois je me suis retrouvée à un événement Orange for Health avec d’autres influenceuses santé qui faisaient des programmes de vidéos. J’étais à des années lumières de ça.”

Son parcours l’amène à rencontrer plusieurs de ses followers. “Il arrive qu’on me reconnaisse dans la rue ou dans le train”, cite-t-elle. “Une fille était assise en face de moi, et m’a reconnue. On a papoté, elle m’a offert un cannelé. Une autre fois fois quelqu’un m’a reconnu à ma voix alors que je dinais avec une amie, et à Aix, j’avais rencontré une followeuse qui m’avait dit qu’elle était dans la même ville”, énumère Sophie. Et puis elle a croisé la route des personnes derrière les comptes de Et ça se dit médecin et d’Avyscene, deux autres influenceurs santé. “On est vraiment devenus amis, je ne les aurai pas rencontrés sans les réseaux”, se réjouit-elle.

A partir de cette semaine, Sophie viendra régulièrement faire des vidéos que vous pourrez retrouver sur le site et la chaîne Youtube de Jeunes Médecins.