Sexisme : l’hôpital n’y échappe pas (hélas)
Enquête
07/03/2019
L’enquête menée par Jeunes Médecins et Action Praticien Hôpital sur les équilibres entre vie privée et vie professionnelle à l'hôpital public montre qu’ils sont encore plus difficiles à trouver pour les femmes que pour les hommes.
Plus de 3 000 médecins et pharmaciens ont répondu à l’enquête de Jeunes Médecins et Action Praticien Hôpital (APH) sur les équilibres entre vie privée et vie professionnelle à l'hôpital public. Et en les lisant, la présidente d’honneur d’APH, Nicole Smolski a été “surprise” par le niveau de discrimination liée au sexe ressenti par les femmes à l’hôpital : 43%, contre 18% pour les hommes."Coupable" de privilégier sa carrière
La maternité est un sujet particulièrement sensible. En effet, un tiers des répondantes considère que les grossesses ont pénalisé leur carrière, et ont déjà fait l'objet de discriminations pour cette raison. 6% d’entre elles ont renoncé à un congé maternité, soit, justement, pour des “problèmes de carrière”, soit parce qu’elles n’ont pas "osé" le prendre. Et l'arrêt du travail de nuit au 3e mois n'est toujours pas respecté pour une large majorité de femmes enceintes.
Près d'une répondante sur deux s'est déjà sentie "coupable" de privilégier sa carrière, notamment vis à vis de ses enfants. Mais si elles avaient plus de temps, elles l'emploieraient à se former davantage (49%), à s'investir dans des missions transversales (31%), et même à travailler davantage (25%). 69% des femmes estiment qu’elles feraient une autre carrière si elles étaient du sexe opposé.
“La discrimination ressentie n’est pas institutionnelle”
“La discrimination ressentie n’est pas institutionnelle, puisque l’égalité des salaires est garantie dans le service public, mais il est clair que les femmes perçoivent l’hôpital comme un univers où le pouvoir est détenu par les hommes”, affirme Nicole Smolski. Le profil type du harceleur est d’ailleurs “un homme, médecin, en relation de pouvoir” selon les résultats de l’enquête.
15% des répondantes indiquent avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel, et 18% en ont déjà été témoin. Mais dans près de la moitié des cas, les actes de harcèlement sexuel n'ont pas été portés à la connaissance de la communauté hospitalière. 37% des victimes indiquent que ces actes sont "habituels" et n'ont donné lieu à aucune conséquence.
“Ce qui compte c'est de libérer la parole”
“Il faut travailler sur l'omerta”, insiste Nicole Smolski. “Ce qui compte c'est de libérer la parole. De tels actes ne doivent plus arriver.” Pour les empêcher, les médecins et pharmaciens ayant répondu à l’enquête plébiscitent la mise en place d’un Observatoire des discriminations, ainsi qu’une campagne de sensibilisation aux maltraitances subies en milieu hospitalier.
Autre phénomène touchant plus particulièrement les femmes à l’hôpital public : l’épuisement chronique. 58% des répondantes se disent concernées, contre 46% de leurs confrères masculins. Une différence qui s’expliquerait notamment par leur utilisation du repos de sécurité. En effet, seules 30% des femmes utilisent effectivement ce temps pour se reposer, alors que 62% l’utilisent pour réaliser des tâches ménagères. Ou s’occuper de leurs enfants.
Pas encore adhérent ?
- > Faites-vous entendre et participez au renouveau de la profession
- > Profitez des offres et des avantages réservés aux adhérents
- > Participez aux événements dans votre région