Ségur de la Santé : l'échec de Véran
30/07/2021
A l’approche de la date anniversaire des accords du Ségur de la santé, force est de constater qu’Olivier Véran peine à passer des paroles aux actes. Et à la clé une pénurie de médecins dans bon nombre de services hospitaliers.
Notre système de santé dysfonctionne toujours autant. Caen, Château-Gontier, Laval, Mayenne, Saintes, Saint-Affrique… la liste est longue. Partout en France, les services hospitaliers peinent à trouver des praticiens pour fonctionner normalement.Pénurie de médecins dans 600 services d’urgence
Un manque inquiétant de médecins à l’heure où des signes montrent que la pandémie est loin d’être jugulée. « Des centaines de postes demeurent vacants dans des domaines comme l’imagerie, la psychiatrie, la gynécologie, la pédiatrie ou encore l’anesthésie », explique la vice-présidente du syndicat des managers publics de santé (SMPS), Catherine Latger.Et que dire des urgences ! Quelque 600 services seraient ainsi contraints d’adapter leurs horaires quand ils ne sont pas carrément obligés de fermer. Preuve, s’il en était besoin, que les problèmes structurels mis à jour lors du Ségur de la santé n’ont toujours pas été résolus. Un constat que ne partage pas totalement Catherine Latger. « Un effort sans précédent a été réalisé, en particulier dans l’Oise ».
40% d’effectifs manquants en Mayenne
Dans les Pays-de-la Loire, par exemple, les hôpitaux de Château-Gontier, Laval et Mayenne n’auront pourtant d’autre solution que de s’organiser différemment pour pallier les 40% d’effectifs manquants. Comment ? En se recentrant sur l’urgence vitale pour limiter au maximum le risque de perte de chances pour les patients… avec à la clé, une régulation par le Samu de 18h30 à 8h30. Encore une fois, des bouts de ficelle !Un salaire moyen toujours insuffisant
Nos gouvernants avaient pourtant réfléchi aux nécessaires réformes ! Au point de demander à Nicole Notat de réaliser un rapport pour les aider à trouver les solutions. Des solutions salvatrices, puisqu’elles étaient sensées rendre attractif l’hôpital public et revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).Mais force est de constater, quelque onze mois plus tard, que la montagne a accouché d’une souris. Le fameux accord historique qui devait « revaloriser la rémunération des sages-femmes, des personnels non médicaux des établissements de santé et des EHPAD, des internes et des étudiants en santé, ainsi que celle des praticiens qui font le choix de l’hôpital public » a fait long feu. La raison ? Selon Catherine Latger, « il aurait fallu rentrer beaucoup plus dans le détail pour aboutir à un salaire moyen satisfaisant ».
Encore trop d’internes en souffrance
La directrice du centre hospitalier de Compiègne-Noyon considère d’ailleurs que «certains chantiers comme ceux de la permanence des soins et de la rémunération doivent encore être poursuivis ». Sans oublier la problématique spécifique «des conditions de travail des internes qui engendrent des situations de harcèlement pouvant aboutir à des suicides ».Quatre ministres mobilisés… et pas grand-chose à l’arrivée
Les ambitions étaient pourtant louables. Et les moyens déployés conséquents. Pas moins de quatre ministres -Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les Collectivités territoriales, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Brigitte Bourguignon, ministre Déléguée à l’Autonomie et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé- avaient alors été mobilisés autour du chef du gouvernement : Jean Castex.Mais les annonces n’ont guère été suivies d’effets. Les 19 milliards d’euros pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants ? Envolés. Les 8,2 milliards d’euros par an pour revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD et reconnaître l’engagement des soignants au service de la santé des Français ? Evaporés. Les 15 000 recrutements à l’hôpital public ? Oubliés. La sortie du "tout T2A" (tarification à l’acte) pour privilégier la qualité des soins ? Passé à la trappe. La formation de soignants dans les filières paramédicales pour mieux prendre en charge les patients ? Remise aux calendes grecques.
VOS REPONSES A NOTRE SONDAGE
A la question de savoir si, un an après sa tenue, vous étiez satisfaits du Ségur de la santé, vous avez été 96% à répondre par la négative.
Crédit photo : Shutterstock
Pas encore adhérent ?
- > Faites-vous entendre et participez au renouveau de la profession
- > Profitez des offres et des avantages réservés aux adhérents
- > Participez aux événements dans votre région