Recertification : allez-vous devoir valider vos acquis toute votre vie ?
La réponse du Pr Serge Uzan
29/11/2018
Jusqu’ici, les médecins pouvaient exercer toute leur vie sans avoir de véritables comptes à rendre sur le maintien de leurs connaissances et de leurs compétences. Cela devrait bientôt changer avec la recertification périodique
Véritable serpent de mer depuis les années 1990, la recertification périodique des médecins, qui consiste à évaluer leurs connaissances et leurs compétences tout au long de leur parcours professionnel, a effectué sa dernière mue le 5 novembre avec la remise du rapport du Pr Serge Uzan, directeur de l’Université-Pierre-et-Marie-Curie, aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur.Que préconise-t-il ?
Une certification et valorisation périodique du parcours professionnel des médecins (CVP) tous les six ans, obligatoire pour tous les médecins diplômés à partir de 2021 et “largement encouragée sur le mode du volontariat pour les autres”. “Un moyen habile de contourner la ligne de fracture générationnelle dessinée par la question de la recertification” pour Géraldine Bloy, sociologue de la médecine générale et maître de conférence à l’Université de Bourgogne. “Les jeunes formés en sachant qu’il devront sans cesse réévaluer leur pratique d’un côté, et les anciens, plus récalcitrants à cette idée, de l’autre.”
Cinq critères de réussite obligatoires : la formation continue (DPC, accréditation, FMC, participation à des réunions, activités de formation ou de recherche, etc.), une activité professionnelle “maintenue”, une démarche d'amélioration de la relation avec le patient ; l'absence de “signaux négatifs” (condamnations, interdictions d'exercice, insuffisances professionnelles, etc.), et un intérêt accordé à la qualité de vie et à la santé au travail. De manière à lutter contre les origines multiples de la souffrance au travail “que sont le surmenage, la solitude ou l'altération du ressenti de l'image” selon le Pr Serge Uzan.
Une auto-déclaration qui ne prendrait que trois heures par an. La formation nécessaire, elle, représenterait 15 à 30 jours par an et s’articulerait autour d’un double mécanisme : un tronc commun et transdisciplinaire d’une part, un volet spécifique à chaque spécialité et aux domaines d’intérêt d’autre part. Une fois la déclaration du médecin examinée par un nouveau tiers de confiance, le Conseil national de certification et de valorisation, une “attestation de conformité” ou au contraire de “non-conformité” est transmise à l'Ordre départemental.
Une possibilité de repêchage “avec mise en œuvre d’un dernier parcours complémentaire” pour les mauvais élèves, et pas d’autres sanctions qu’”un appel administratif”. “Là encore, le rapport fait bien attention à ne pas transformer le système de recertification en épouvantail”, note Géraldine Bloy. Quant aux bons élèves, ils pourraient bénéficier d’une prime de certification, d’une aide financière assurantielle, ou encore d’un accès facilité à un nouveau secteur d’exercice valorisant. Au risque d’accentuer “une logique de concurrence individualiste” entre les soignants selon la sociologue de la médecine générale.
Mais c’est le gouvernement qui tranchera.
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