Le week-end dernier, dans l’émission Dimanche en politique, le ministre délégué à la santé et à la prévention, Frédéric Valletoux a tenu à préciser que l’augmentation à 30 euros du tarif de la consultation de médecine générale en secteur 1 n’était pas encore acquise, et a, dans le même temps, défendu le choix de l’ancien ministre Olivier Véran de quitter la neurologie pour aller exercer en médecine esthétique !

« L’important c’est qu’il retourne vers la médecine […] c’est déjà bien. »

Une logique « deux poids, deux mesures » qui laisse penser qu’il y aurait les médecins qui doivent faire des efforts et les autres, qu’il y aurait ceux qui militent pour la liberté d’exercice et ceux qui l’ont vraiment.

Pourtant, que le ministre ne s’y trompe pas : quand les médecins et leurs syndicats demandent la consultation à au moins 30 euros, ils ne prétendent à aucune vraie liberté d’exercice, mais juste des conditions acceptables de travail et de prise en charge de leurs patients, notamment en secteur 1 !

Aujourd’hui, avec une consultation à 26,5 euros, un médecin qui prend du temps pour les patients court à sa perte et celui de la population : il n’a aucune marge de manœuvre pour équilibrer ses charges et investir dans des outils qui libéreraient du temps médical (secrétariat, assistant médical, …), il travaille énormément pour quasi aucune reconnaissance de son investissement notamment par l’Assurance Maladie et le Ministère qui veulent du chiffre, il est ou en voie d’être en situation de burn-out comme 45% des médecins libéraux ces dernières années.

Alors, si on veut désengorger les urgences, repeupler la médecine générale, améliorer le suivi des patients en ALD, des enfants et des patients ayant des troubles psychiatriques, il faudrait peut-être changer la donne : les 30 euros sans conditions ce serait « déjà bien », et la reconversion vers la médecine esthétique pour le Dr Véran, ça ne devrait pas être « acquis » !

Crédits image : bande dessinée d’Emmanuel Reuzé chez Fluide Glacial