"Mais qui va m'opérer ?"

"Mais qui va m'opérer ?"

Portrait de femme médecin #1

Dans le cadre de notre enquête sur la féminisation de la médecine, nous vous proposons une série de portraits de femmes médecins. Rencontrez cette semaine Marie Gosset, chirurgienne gynécologue à Cayenne.

En novembre 2018, Marie Gosset a atterri à Cayenne pour ouvrir le tout premier service de chirurgie sénologique et gynécologique de Guyane. Et à entendre cette jeune chirurgienne gynécologue de 31 ans, le fait d’être une femme l’a aidée à mener à bien sa mission. “Des hommes ont essayé avant moi et ils se sont tous cassé les dents”, dit-elle en effet. “Ils ont été perçus comme portant de gros sabots”.

Le fait d’être une femme est d’ailleurs toujours un atout en gynécologie pour Marie Gosset. Du moins auprès des patientes. “Car les femmes préfèrent souvent être soignées par d’autres femmes”, précise-t-elle. “Moi-même je préfère être soignée par une femme. Quand j’étais petite, mon pédiatre était une femme. Quand j’étais jeune fille, mon gynécologue était une femme. Même mon dentiste était une femme !”

“Même mon dentiste était une femme !”


Du coup, Marie Gosset n’a jamais douté de sa capacité à devenir elle-même médecin. “Tout au long de mon cursus, j’ai eu des modèles féminins”, témoigne-t-elle. “Je pense que le plus gros du travail a été fait par les générations précédentes, même s’il nous reste encore quelques défis à relever. Par exemple, aujourd’hui encore on trouve presque toujours des hommes aux postes de patrons, et donc une forme de connivence masculine dans presque tous les services.”

Il serait en outre “plus difficile” pour une femme médecin “de se faire respecter par le personnel paramédical” que pour un homme médecin, "surtout en début de carrière". Et si la gynécologie est “une spécialité très féminisée”, ce n’est pas le cas de la chirurgie. Résultat, il est souvent arrivé à Marie Gosset de consacrer 30 minutes de consultation pré-opératoire à des explications précises pour entendre la patiente lui rétorquer : “Oui d’accord, mais qui va m’opérer ?”

Loin de se vexer, la chirurgienne gynécologue accompagne habituellement ces explications de schémas pour les rendre plus claires. “Mais en Guyane, cela ne sert à rien car la plupart des patientes n’ont absolument aucune notion de biologie et d’anatomie. Même un dessin d’utérus est complètement abstrait pour elles. Alors je mime les gestes que je vais effectuer.”

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