Les annonces d’Edouard Philippe sur l’hôpital ? “une blague !”

Les annonces d’Edouard Philippe sur l’hôpital ? “une blague !”

Agnès Buzyn et Edouard Philippe n’ont (vraiment) pas convaincu les médecins

20/11/2019

Ce mercredi 20 novembre, Édouard Philippe et Agnès Buzyn ont annoncé une série de mesures pour l’hôpital. Ces dernières ne sont pas jugées à la hauteur. Étonnant?

“Nous vous avons entendu !”, s’est félicité le premier ministre, ce mercredi 20 novembre, six jours après la mobilisation inédite du personnel hospitalier. Son plan pour l’hôpital, présenté avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, était attendu de pied ferme par les manifestants. En résumé, des primes: 66€ par mois pour les aides-soignants et infirmiers qui touchent moins de 1900€ et résident à Paris ou sa proche banlieue (92, 93, 94) et 100€ nets pour les personnels acceptant de se former à la prise en charge des personnes âgées. Une prime d’engagement de carrière hospitalière étendue aux non-médecins, un Ondam revalorisé à 2.4%, contre 2.1%, et 10 milliards d’euros de reprise de dette sur trois ans.

“C’est une blague!”



Du côté des soignants, ces annonces ont fait un flop. “C’est de la merde, c’est une blague!” en rigole Lamia Kerdjana, présidente de Jeunes Médecins Île-de-France. Pour Anne Wernet, présidente du SNPHARe, “c’est une grande déception”. Quant au Collectif Inter-Hôpitaux, ils estiment que “les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de la situation.”

“C’est très inquiétant. J’ai 48 ans, et j’ai plein de collègues qui sont partis dans le privé, et d’autres se posent la question de partir, et on fait rien pour les retenir !”


“Des primes qui existent déjà, une revalorisation salariale qui est loin de ce qu’on avait demandé, que ce soit pour les personnels paramédicaux - 66€, ça me fait rire -, et pour les personnels médicaux, il y a une fusion des quatre premiers échelons... C’est moins que ce qu’on avait demandé pour la revalorisation à 5000€ pour tout le monde”, résume Lamia Kerdjana. Même son de cloche du côté d’Anne Wernet, qui estime la prime pour les infirmiers “ridicule compte tenu des prix des loyers à Paris. Ça exclut toutes les autres professions, et puis pourquoi pas Marseille, Lyon ou Bordeaux?”, se demande-t-elle. “Ça permet de compartimenter les gens pour donner à certains et pas à d’autres et essayer de casser la mobilisation, qui est nationale!”

Pour les deux présidentes de syndicat, il manque un point central à ces annonces: la revalorisation des salaires du personnel déjà en poste. “Ils risquent de se barrer”, prévient Lamia Kerdjana, complétée par Anne Wernet: “C’est très inquiétant. J’ai 48 ans, et j’ai plein de collègues qui sont partis dans le privé, et d’autres se posent la question de partir, et on fait rien pour les retenir !”


Ondam où es-tu?



Mais le plus gros point de discorde reste la (beaucoup) trop faible revalorisation de l’Ondam, principale revendication des manifestants de jeudi dernier. “On gagne entre 0.1 et 0.2 points d’Ondam, donc on va juste revenir à la situation de l’année dernière… donc on récupère à peine ce qu’on a perdu. Ca ne résout pas du tout les problèmes de l’hôpital public”, estime Anne Wernet. “L’Ondam à 2.4%, c’était attendu, on est loin des 4.4% préconisés par la cour des comptes. Ce qu’ils injectent, c’est en millions d’euros, alors qu’il faudrait des milliards”, ajoute Lamia Kerjdana.

Ces mesures ne risquent donc pas de faire calmer la mobilisation. “On redescendra dans la rue le 30 novembre”, affirme Lamia Kerdjana.

Jeunes Médecins, avec l'INSI et d'autres organisations syndicales, a publié un communiqué téléchargeable en PDF.

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