Le logiciel métier, un choix vital chez les médecins libéraux

Le logiciel métier, un choix vital chez les médecins libéraux

Un médecin sur 3 ne recommanderait pas son logiciel métier à un confrère

Le logiciel métier chez les médecins libéraux est crucial dans leur pratique professionnelle. Pourtant, pas facile de choisir dans la multitude d’offres proposées.

“J’ai bien mal choisi mon logiciel métier”, plaisante le généraliste David Azerad. Comme lui, 29,4% des médecins interrogés par 100000medecins.org dans le cadre de leur enquête sur l’utilisation des logiciels métier ne recommanderaient pas le leur à un confrère. Ces outils informatiques sont pourtant indispensables à la pratique médicale des médecins libéraux: plus de 95% d’entre eux en utiliseraient un.

Les logiciels métier remplissent trois fonctions principales, à savoir: la tenue des fiches patients, l’aide à la prescription - c’est à dire pouvoir délivrer des ordonnances de manière sécurisée en ayant accès aux bases de données médicamenteuses -, et la télétransmission des feuilles de soin.

“Chacune de ces 3 briques n’est en général pas développée par le logiciel”, éclaire le docteur Azerad, également président de 100 000 médecins.org. “Le logiciel imbrique le tout dans une espèce de belle carrosserie plus ou moins rapide et utile en fonction des éditeurs”.

“On choisit par défaut”



Difficile de faire son choix parmi la multitude de softwares présents sur le marché. Une étude de SESAME-Vitale portant sur les années 2017 et 2018 a dénombré 230 éditeurs de logiciels, et “15 acteurs majeurs”. Cegedim, Epsilog, et Compugroup, pour ne citer que les 3 plus gros.

“On découvre les logiciels métier soit par le bouche à oreilles, soit sur des salons, ou certains sont parfois poussés par les syndicats ou les sociétés de savants”, explique le Dr. Azerad. “On choisit soit par défaut, soit parce que c’est le logiciel qu’utilise un collègue à côté, soit parce que de toute façon on n’y connaît pas grand chose”.

L’Ordre des médecins conseille de faire son choix “après avoir recueilli les conseils avisés ou les mises en garde du professionnel en informatique” - les représentants des sociétés d’édition de logiciels. Ces derniers sont tenus à “une obligation d’information, de mise en garde et surtout de conseil”, et sont donc tenus d' “informer le médecin des caractéristiques du logiciel, d’attirer son attention sur d’éventuelles incompatibilités du logiciel avec d’autres logiciels ou avec un système d’exploitation ou avec un périphérique, à l’éclairer sur l’opportunité de l’achat du logiciel par rapport à ses besoins.”

Changer de logiciel, ça prend du temps



Le docteur Azerad a choisi son logiciel métier par habitude. “J’ai remplacé très longtemps à un endroit, c’est ce logiciel, Weda, qui était utilisé”, rembobine-t-il. “Lorsque j’ai recréé un cabinet quand le médecin que je remplaçais est parti à la retraite et que j’ai récupéré ses dossiers patients, c’était plus simple comme ça”.

Aujourd’hui, il reproche à son outil des soucis d’ergonomie, de fiabilité, ou encore le prix de l’abonnement mensuel qu’il paie pour l’utiliser. Pourtant il n’est pas encore prêt à changer de logiciel: le processus demande du temps. “Il faut se renseigner sur ce qui existe et faire un choix, programmer une période de transition, faire mouliner toutes les datas, se former sur le nouveau logiciel et commencer à l’utiliser en pratique…”

“La principale crainte, c’est celle de la déstabilisation de sa pratique”



Un changement implique aussi de revoir toutes ses habitudes quotidiennes et la migration sur une autre base de données peut entraîner des pertes de données médicales. “C’est comme si on vous disait du jour au lendemain que vous alliez devoir travailler dans un environnement totalement différent mais que vous deviez faire exactement la même chose”, résume David Azerad, avant de pointer du doigt le manque d’outils comparatifs entre les logiciels. “La principale crainte, c’est celle de la déstabilisation de sa pratique”.

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