Dans le cadre de notre enquête sur la féminisation de la médecine, nous vous proposons une série de portraits de femmes médecins. Rencontrez cette semaine Alice Frérot, pédiatre à Paris.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Alice Frérot, aujourd’hui âgée de 32 ans, a eu envie de devenir médecin. Et plus précisément pédiatre. “Cette spécialité est très féminisée, parce qu’à l’époque où la médecine en général était un bastion masculin c’était une spécialité où les femmes pouvaient plus facilement se faire une place”, explique la jeune femme, qui l'exerce à l’hôpital parisien Robert-Debré. “Le lien entre les femmes et les enfants est très fort dans l’imaginaire collectif.”

Alice Frérot n’a donc jamais souffert du sexisme parfois reproché à l’univers hospitalier. “Quant à l’esprit carabin, il se limite pour moi à la salle de garde”, dit-elle. “Une fois de retour dans mon service, je suis tranquille. Et franchement, je prend les blagues machistes pour ce qu’elles sont : des blagues. Mais je peux comprendre qu’elles soient blessantes pour d’autres personnes, peut-être moins à l’aise dans leurs baskets, ou tout simplement porteuses d’une autre histoire que la mienne.”

“Les hommes aussi doivent faire des choix, non ?”

Reste que le fait de soigner des enfants peut sembler autrement plus difficile à gérer émotionnellement que des blagues de mauvais goût. “On me pose souvent la question de la gestion émotionnelle de la souffrance des enfants”, reconnaît Alice Frérot. “Mais heureusement, nous disposons aujourd’hui de nombreux outils pour limiter cette souffrance. Et, pour des raisons d’identification, je pense qu’il m’est en fait plus facile de faire face à la maladie d’un enfant qu’à la maladie d’une personne du même âge que moi.”

Elle-même n’a pas d’enfants. Et se demande comment elle ferait si elle décidait d’en avoir. Car elle travaille "environ 65 heures par semaine”, “effectue en moyenne une garde par semaine” et “rapporte souvent du travail à la maison”. “J’imagine que je devrais faire un choix : continuer à privilégier mon travail ou bien privilégier ma vie de famille. C’est ce que font les femmes autour de moi. Mais les hommes aussi sont obligés de faire ce genre de choix, non ?”