[TRIBUNE] Le Dr. Martin Blachier, médecin de santé publique et CEO de Public Health Expertise, alerte sur un déconfinement qui ne prendrait pas en compte les personnes vulnérables et risquerait de saturer les services de réanimation.

Jeunesmedecins.fr publie les points de vue et témoignages des membres de la communauté Jeunes Médecins, sur les questions de société, de santé, ou d’exercice. Ces tribunes reflètent la pluralité d’opinions de la nouvelle génération de médecins et ne représentent pas nécessairement le point de vue de la rédaction. 👉 Vous aussi contribuez - envoyez vos textes à la rédaction : redac (@) jeunesmedecins (point) fr



Par Martin Blachier, médecin de santé publique et CEO de Public Health Expertise

PHE (société spécialisée dans la modélisation des maladies) en association avec une équipe de l’APHP et l’université de Columbia a modélisé le déconfinement annoncé par l’exécutif à partir du 11 mai. Les auteurs ont considéré que les écoles, les lieux de travail et les transports publics réouvraient le 11 mai, puis les bars et restaurants le 11 juin et enfin les lieux sociaux comme les cinémas et les théâtres le 11 juillet. La simulation conduite est fondée sur un modèle déjà publié pour le COVID19. Il s’agit d’un modèle de type «Agent Based Model » qui simule chaque individu avec ses comportements quotidiens et son profil de risque. Il prend également en compte les capacités hospitalières et particulièrement de réanimation. Ce modèle est déployé également pour les villes de New York et de Rio de Janeiro.

Protéger les personnes vulnérables!

Les résultats pour la France sont très clairs, l’association testing, distanciation physique et masques ne suffira pas ! Si les personnes vulnérables ne sont pas protégées du virus avec des mesures strictes (limitation des contacts +++), les capacités de notre système de santé seront débordées même avec l’augmentation du nombre de lits actuels (14 000 lits de réanimation contre 5000 avant la crise du COVID19).

Ces mesures de protections des plus à risque devront s’étaler dans le temps, jusqu’à la fin de l’année. Si plus de 25% de cette population vulnérable ne respecte pas ces mesures de limitation sociale, alors le système sera dépassé et nous n’aurons d’autres choix que de nous reconfiner ou de laisser des personnes mourir sans soins. Le nombre morts pourrait passer d’environ 35 000 morts si les personnes vulnérables sont bien protégées à plus de 85 000 morts si les mesures ne sont pas respectées.

La réussite de déconfinement sera essentiellement fondée sur la capacité de la société française à protéger les plus vulnérables de ses concitoyens par des mesures fortes (limitation et encadrement des contacts). Cela demande de la pédagogie, de l’organisation, et d’inventer des solutions nouvelles pour que cette période soit la plus supportable possible pour ces personnes qui devront faire très attention pendant les mois à venir.


Figure 1: Impact de la durée des mesures de limitation sociale des personnes vulnérables sur l'épidémie


Figure 2: Impact du respect des mesures de limitation sociale des plus vulnérables sur l'épidémie

Par Martin Blachier, médecin de santé publique et CEO de Public Health Expertise

👉 Vous aussi, contribuez! Envoyez vos textes à la rédaction : redac (@) jeunesmedecins (point) fr