Covid-19 et Vaccinodromes : « les internes sont prêts ! »
Dr Gaëtan Casanova, président de l’ISNI*
07/01/2021
Jeunes Médecins : Pensez-vous, comme certains de vos confrères, que la mise en place rapide de vaccinodromes soit la solution la plus pertinente pour parvenir à une vaccination anti-Covid de masse et permettrait de sortir de la période de flottement actuelle ?
Dr Gaëtan Casanova : Ce qui est certain, c’est que c’est une solution qui a déjà été utilisée par le passé, que l’on maîtrise et qui est efficace. Il y a eu des couacs avec le H1N1 en 2009, certes. Mais on les connaît désormais et nous avons appris de nos erreurs. Cette option a l’avantage, particulièrement avec le vaccin qui est sorti, de limiter la question logistique de sa conservation et d’emporter des frigos plus grands, qui permettent une chaîne de conservation de meilleure qualité. Donc oui, le recours aux vaccinodromes me semble une très bonne solution.
Mais qui, a priori, n’était censée intervenir qu’en février, dans le cadre de la deuxième phase de la stratégie vaccinale…
Dr Gaëtan Casanova : Oui, dès qu’on va organiser les vaccinations en-dehors des Ehpad. Mais ce qui devient compliqué, en termes d’organisation, c’est que le séquençage de ces différentes phases qui, au départ, traçait un cap clair sur l’ordre des populations prioritaires à vacciner, devient de plus en plus poreux face à la lenteur du démarrage… En revanche, ce qui reste sûr, c’est que les vaccinodromes auront, quoiqu’il advienne, un rôle essentiel à jouer.
Et « les internes sont prêts », avez-vous déclaré. Concrètement, comment ?
Dr Gaëtan Casanova : J’ai lancé cet appel au gouvernement pour dire que nous étions prêts à participer activement à cette campagne de vaccination. S’il y a des vaccinodromes, nous pouvons participer à la vaccination de, potentiellement, plusieurs millions de Français, en prêtant main-forte à nos confrères. Ce qui résoudrait dans l’immédiat un certain nombre de problèmes techniques parce qu’aujourd’hui, il n’y a que les médecins qui peuvent pratiquer cette vaccination Covid, même si les pouvoirs publics étudient la possibilité de laisser les paramédicaux, infirmiers et pharmaciens la réaliser aussi. Nous tenons ce week-end notre assemblée générale et nous allons étudier quelles stratégies plus fines nous pourrions également proposer.
Aujourd’hui, près de 6 Français sur 10 se déclarent réticents à se faire vacciner. N’est-ce pas traditionnellement le rôle dévolu au médecin traitant de faire œuvre de pédagogie ? Ou peut-on imaginer des « vaccinodromes de proximité » à taille humaine ?
Dr Gaëtan Casanova : A l’Isni, nous nous étions livrés à un calcul de projection avec Jeunes Médecins : ne passer que par les seuls cabinets libéraux représentait pour les médecins généralistes une quantité horaire de travail titanesque, pour ne pas dire intenable, sans parler des difficultés logistiques d’acheminement du vaccin. Mais je pense également que la pédagogie est essentielle et, à ce propos, que le corps médical a une part de responsabilité dans cette réticence actuelle des Français. Pendant longtemps, les médecins ont commis cette erreur de présenter les vaccins comme quelque chose de totalement anodin. Cela a brouillé le discours et a contribué au développement des discours complotistes.
La réalité c’est qu’un vaccin est un médicament, qui, comme tout médicament, peut avoir des effets indésirables. Ces derniers sont, dans l’immense majorité des cas, tout-à-fait bénins. La vraie question qu’on doit se poser, comme pour n’importe quel médicament, c’est celle de la balance bénéfice-risque. Quand on est âgé, ou quand on a des comorbidités, qu’on a du diabète, ça vaut le coup de se faire vacciner contre la Covid. Et ça, on doit en effet pouvoir prendre le temps de l’expliquer aux patients dans ces futurs vaccinodromes et ne pas vacciner à la chaîne.
Vous-même, aurez-vous recours au vaccin lorsque vous ferez partie du public concerné par la troisième phase de stratégie vaccinale ?
Dr Gaëtan Casanova : Plus besoin, j’ai déjà attrapé le coronavirus. Et bien qu’étant jeune, il m’a laissé sérieusement patraque pendant deux bonnes semaines. En revanche, si vous voulez un exemple concret de mon rapport aux vaccins en tant que médecin, depuis que j’exerce, je me fais vacciner chaque année contre la grippe. Pas pour moi, mais pour éviter de la refiler à mes patients.
* InterSyndicale Nationale des Internes
Crédit photo : Isni
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