« C’est notre petite pierre à l’édifice », Dr Etienne Pot, co-fondateur du site "Dernière dose*"

« C’est notre petite pierre à l’édifice », Dr Etienne Pot, co-fondateur du site "Dernière dose*"

Deux médecins de santé publique ont créé un site internet* pour éviter que des doses de vaccin anti-covid disponibles ne soient jetées. Présentation d’une initiative bénévole et spontanée.

Jeunes Médecins : Depuis quand votre site, « Dernière dose », est-il en ligne et pourquoi l’avoir créé ?


Dr Etienne Pot : Nous venons d’ouvrir le site que nous aimons présenter un peu comme l’histoire du dernier kilomètre de la vaccination pour ne pas rester en berne avec des doses de vaccins qui restent à disposition. D’autres sites internet font des choses très bien et recensent, par exemple, le nombre de rendez-vous disponibles pour se faire vacciner. Avec David Labrosse, qui comme moi est médecin de santé publique, nous sommes partis d’une approche un peu différente. Elle s’est appuyée sur un constat de terrain que nous avons expérimenté personnellement. Il y a des doses qui sont jetées en fin de journée de vaccination. Et pas que dans les centres de vaccination mais aussi dans les hôpitaux. On a eu un certain nombre de confrères qui nous ont appelés pour nous dire : « parfois j’ai fini la journée et j’ai ouvert un flacon de vaccin Pfizer, ou autre, et je suis dans un établissement où j’ai déjà vacciné tous les résidents, j’ai déjà vacciné tous les professionnels de santé candidats et éligibles à la vaccination. Il ne me reste plus qu’une heure pour pouvoir entièrement l’utiliser : comment je fais ? »

Alors, concrètement, comment fait-il ?


Dr Etienne Pot : Le professionnel de santé qui veut s’inscrire sur notre site internet le fait via sa carte professionnelle justifiant de sa qualité. Il peut ensuite indiquer le lieu où il se trouve et le nombre de doses de vaccins disponibles qu’il lui reste et dresse un tableau de bord. Parce que la réalité aujourd’hui, quand on est dans une situation où on a vacciné ses candidats éligibles, c'est soit on trouve un nouveau candidat, soit on jette sa dose. Si vous êtes dans une situation où vous risquez de jeter la dose qui vous reste, les questions de priorisation ne se posent plus. La vaccination est pour celui ou celle qui passera dans les temps. D’ailleurs, la Direction Générale de la Santé a indiqué dans une note que les doses de vaccin contenues dans les flacons doivent profiter au maximum de personnes.

Une initiative qui est aussi née de votre propre expérience…


Dr Etienne Pot : J’exerce dans des établissements médico-sociaux qui prennent en charge le handicap. Nous ne sommes ni des centres de vaccination, ni des vaccinodromes, ni des hôpitaux, mais pour autant nous assurons la vaccination et il nous est arrivé parfois de nous retrouver avec une dernière dose, utile, essentielle et avec personne à qui la donner. C’est pourquoi notre objectif n’est pas de récupérer des milliers de doses, mais celles qui, de ci de là, quel que soit le territoire et le lieu d’exercice, peuvent servir en proximité. Aux médecins libéraux par exemple, qui se battent pour pouvoir utiliser les vaccins jusqu’à la dernière dose, avec des conditions logistiques compliquées.

Avez-vous déjà eu des sollicitations de leur part ?


Dr Etienne Pot : Pour l’heure, nous sommes en train de remplir la base des professionnels de santé utilisateurs, et les premiers retours sont favorables. Cela dit, il est impossible de savoir aujourd’hui si le site marchera. Mais déjà, dans ce contexte de pandémie, c’est notre petite pierre à l’édifice. D’autres sites comme « Vite ma dose » ou « CodidList » ont fait des trucs très bien aussi. Nous sommes sur un positionnement qui est plus modeste que le leur. Notre valeur ajoutée, ou peut-être différenciante, c’est qu’on connaît très bien les professionnels de santé et nous partons du principe que s’ils viennent s’inscrire, les usagers de santé suivront. Nous verrons bientôt si ce que nous proposons fonctionne.

* http://www.dernieredose.fr/



Crédit photo : DR

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