À l’hôpital public, on travaille plus pour gagner moins

À l’hôpital public, on travaille plus pour gagner moins

Et il faut que ça change

Faute de rémunération à hauteur du travail fourni et de bonnes conditions de vie, de plus en plus de jeunes médecins délaissent l’hôpital public.

“Dans le public, les plages de travail des médecins ne cessent d’augmenter, pas leur rémunération”, constate Yohann Rebollar.

Ce jeune anesthésiste-réanimateur a choisi de partager son temps entre le CHU de Poitiers et des remplacements dans des établissements privés de la région pour s’y retrouver malgré tout. Il gagne “environ 5 900 euros par mois” et n’effectue qu’une garde par mois et “des astreintes à la maison le week-end” lui laissant le loisir de pratiquer son sport de prédilection, le handball.

S’il ne se consacrait qu’à l’hôpital public, ce serait “4 400 euros par mois” et plus de gardes, dit-il.

“Un discours de rentabilité qui n’est en pas en cohérence avec les salaires”


Mais attention, la rémunération est loin d’être sa seule motivation : “Le privé permet un confort de travail que le CHU ne permet plus. Avant il y avait un vrai confort intellectuel et matériel, et j’aime beaucoup la recherche et l’enseignement, mais aujourd’hui il y a trop de lourdeur administrative et trop de restriction budgétaire, pas assez de personnel, un discours de rentabilité qui n’est en cohérence ni avec le monde universitaire ni avec les salaires.”

Et Yohann Rebollar a “bien conscience qu’il est difficile de parler de la rémunération des médecins à l’hôpital public dans le contexte actuel, notamment par rapport à la situation catastrophique des urgences et du personnel paramédical”. Il s’excuserait presque de s’être senti découragé par cette rémunération après avoir été “harcelé de travail et de fatigue pendant [son] internat et [son] clinicat”.

“La rémunération doit être revalorisée à hauteur de la compétence”


Mais comme le soulignent Action Praticiens Hôpital et Jeunes Médecins dans leur profession de foi pour les élections professionnelles du 25 juin prochain, la rémunération des praticiens hospitaliers doit être revalorisée “à hauteur de la compétence, de la responsabilité et de l’évolution du coût de la vie”. Ils militent pour un début de carrière à l'échelon 6, ce qui correspond à une rémunération d'environ 5 000 euros par mois.

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