Nous avons posé trois questions à David Roux, réalisateur du film l’Ordre des médecins, qui sort en salles ce mercredi 23 janvier.

Pourquoi avoir choisi de consacrer votre premier film à un médecin bouleversé dans ses convictions par la maladie de sa mère ?

Cette histoire est tirée d’observations très personnelles. Mes deux parents étaient médecins à l’hôpital à Paris. Mon frère aîné est pneumologue en soins intensifs, comme le personnage principal de L’Ordre des médecins, qu’il a beaucoup inspiré. Quand nous avons perdu notre mère, il y a quelques années, j’ai bien vu que l’irruption de la maladie et de la mort dans sa vie privée le perturbait dans sa vie professionnelle. Et je me suis dit qu’il serait intéressant, d’un point de vue cinématographique, de placer un médecin face à son impuissance.

Le résultat est très réaliste - comment avez-vous préparé l’écriture, puis le tournage ?

J’ai enfilé une blouse blanche et suivi mon frère dans son service. En seulement quelques jours, on comprend pourquoi une certaine mise à distance est nécessaire à la bonne pratique médicale. Cette question est centrale dans le film, mais il ne la tranche pas, il se contente de poser des pistes. Car en tant que spectateur, je déteste qu’un film m’oblige à ressentir ou à penser quelque chose. D’ailleurs, je ne pense pas qu’un soignant puisse régler la question de la mise à distance de manière définitive au cours de sa carrière.

Est-ce que votre propre vision de la pratique médicale a évolué au cours de cette expérience ?

Pas vraiment. Je savais déjà que les médecins parlent une langue qui n’appartient qu’à eux. Je savais déjà qu’ils côtoient des choses pour nous terrifiantes de manière naturelle. C’est pour cette raison que je trouve que les soignants ont tous une forme d’héroïsme qui n’a rien à voir avec l’héroïsme spectaculaire de Dr House ou de Urgences. Et c’est ce que j’ai essayé de montrer avec L’Ordre des médecins.

Propos recueillis par Camille Hamet

Crédit photo : Pyramide Films