Discriminations et violences sexistes : déjà 5 ans d’alertes !

Discriminations et violences sexistes : déjà 5 ans d’alertes !

Communiqué de presse Jeunes Médecins

Discriminations et violences sexistes : déjà 5 ans d’alertes !



Harcèlement, violences sexistes et sexuelles, plafond de verre et renoncement de carrière… Jeunes Médecins n’a pas attendu #metoohopital pour témoigner et s’engager contre les discriminations subies par les femmes médecins.

En février 2019, plus de 3000 médecins hospitaliers répondaient à une enquête de Jeunes Médecins et APH sur les équilibres vie privée / vie professionnelle. À l’époque, les résultats avaient mis en exergue que

> 1 femme sur 2 se sentait discriminée à raison de son genre
> 10% des femmes enceintes ne prenaient pas le congé maternité règlementaire, notamment pour ne pas perdre des perspectives de carrière
> 1 femme sur 2 souhaitait la parité F/H dans l’accès aux postes HU et aux chefferies de pôle
> 56% des répondants n’avaient constaté aucun changement en termes de harcèlement sexuel suite à la 1ère vague #metoo et qu’en cas de harcèlement moral, 37% des répondants constataient « aucune conséquence, c’est habituel »

À l’époque, nous avions exigé du ministère la création d’observatoires des cas de harcèlements et de discriminations, avec des sanctions à la clé.

Dans une tribune publiée dans Le Monde en 2020, + de 300 femmes médecins dénonçaient la « misogynie systémique » à l'hôpital. La Dr Anna Boctor, vice-présidente de Jeunes Médecins en charge de l’égalité femme-homme, avait elle-même témoigné de sa propre expérience des discriminations professionnelles dans un domaine marqué par la concurrence, la hiérarchie, l’entre-soi et la cooptation, où les comportements sexistes sont également le fait des femmes en responsabilité. Pour la Dr Boctor, la servilité des jeunes étudiants en médecine, conditionnés à exécuter les ordres qu'ils reçoivent, fournit également un terreau fertile à l'omerta.

Dès 2022, Jeunes Médecins a travaillé avec le Défenseur des droits et le Conseil national de l’Ordre des médecins pour lancer une grande enquête nationale sur les discriminations en raison du genre chez les médecins. Cependant, nous sommes bloqués dans l’avancée de ce projet depuis 6 mois, faute de suites positives du côté du CNOM …

Dont acte. Jeunes Médecins a profité de la campagne des élections professionnelles pour interroger les médecins hospitaliers le 24 avril dernier. Près de 200 médecins nous ont déjà répondu et les résultats de cette enquête confirment la ténacité du problème.

8 femmes sur 10 déclarent avoir été victimes d’une discrimination et 1 médecin sur 3 pense qu’entamer une démarche officielle ne sert à rien



À l’issue de cette enquête « flash »,
> pour 2 répondants sur 3, les comportements sexistes sont assez fréquents voire très fréquents
> 78% des femmes disent avoir été victimes d’une situation de discrimination ou de harcèlement liée à leur genre durant leurs études médicales (et ce nombre atteint 73,6% par la suite, durant la carrière médicale)
> les discriminations en raison du genre sont principalement le fait d’un supérieur hiérarchique direct (59,9% des situations) ou de confrères / consœurs (46,5% des situations)
> si 19,5% des médecins témoins ou victimes ont cherché à faire reconnaître cette discrimination, seulement 5% ont alerté (leur chef de service, un syndicat ou une institution disciplinaire, judiciaire ou ordinale). Malheureusement, pour 1 médecin sur 3, entamer une démarche officielle ne sert à rien, et c'est sans compter celles et ceux qui craignent les représailles (22,5%), n'ont pas confiance dans les instances professionnelles (14,4%) ou encore pensent n'avoir pas suffisamment de preuves à apporter (8,1%)

Les institutions sont-elles prêtes à entendre et croire la parole qui se libère ? 



Ces 5 dernières années, Jeunes Médecins a reçu des centaines de témoignages, et notre service juridique a accompagné des dizaines de victimes qui ont décidé de parler et de faire reconnaître l’illégalité de ces comportements.

Malheureusement, la parole des victimes n’est pas systématiquement crue ni protégée, et la lenteur des réactions institutionnelles (à l’hôpital, au ministère, du côté des juridictions) les conduit souvent à devoir poursuivre leur collaboration professionnelle avec l’agresseur ou l’harceleur, ou choisir de renoncer à leur service voire leur carrière.

Le ministre délégué à la Santé et la Prévention, Frédéric Valletoux, a assuré que « aucun écart ne sera toléré ». Nous le souhaitons, car personne ne se laissera duper par les effets d’annonces !

Fréderic Valletoux a été 10 ans à la tête de la Fédération des hôpitaux de France, de 2013 à 2023, et personne ne lui reconnait une action pro-active sur ce sujet. Bien que le baromètre RH publié par la FHF-Obéa en 2016 démontrait déjà que « l’égalité professionnelle entre femmes et hommes était une priorité pour 4% des établissements », c’est-à-dire pour presque aucune direction (!), les rapports d’activités de la FHF les années suivantes n’ont jamais fait de la lutte contre le sexisme à l’hôpital un combat, une priorité. Encore aujourd’hui, il semble que 40% des établissements hospitaliers n’ont toujours pas déployé le dispositif du décret de mars 2020 relatif au signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d'agissements sexistes dans la fonction publique.

Aujourd’hui, il serait intéressant que le Gouvernement soit en mesure, en lien avec la FHF, de pouvoir vérifier la réalité de la formation des équipes de direction aux problématiques de discrimination et de harcèlement en raison du genre tout comme l’effectivité des dispositifs de prévention et de signalement des violences sexistes et sexuelles dans les établissements.

Il ne faut pas seulement souhaiter la fin de l’omerta autour des violences sexistes et sexuelles, la fin du plafond de verre dans la carrière professionnelle des femmes, la fin des discriminations et inégalités liées au genre, il faut en faire une réalité quand on est en responsabilité !

Le 29 avril, les étudiants en santé ont été conviés au Ministère – sauf Jeunes Médecins pourtant représentatif des internes. Jeunes Médecins sera donc reçu au Ministère de la Santé et de la Prévention ce lundi 6 mai à 11h et invite la presse à venir à sa rencontre à la sortie de ce rendez-vous.

Contacts presse :

Emanuel Loeb
Président de Jeunes Médecins
president@jeunesmedecins.fr

Mélina Elshoud
Directrice des affaires publiques
07 56 99 63 37
jm.aff.publiques@gmail.com

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